Romans et romances de Romain Gary

«Le Prix de Goncourt ? Donnez-moi en deux !» même si pour cela il faut trafiquer son identité, un russe ne recule devant rien. Surtout, un russe comme Romain Gary.

Roman Kacew est né en 1914 à Vilnius, alors dans l’Empire russe, d’une petite bourgeoisie juive. En 1925, le père de Roman laisse sa famille pour une autre femme. Commence alors cette vie à deux, avec sa mère, Mina, qui se consacrera totalement à lui avec un dévouement sans limites et une foi inconditionnelle en son fils. Cette relation si entière, fusionnelle et déchirante, avec cette mère juive, la première femme de sa vie, aura une profonde influence sur l’œuvre de Romain Gary.

La mère-patrie de Roman, la Lituanie, n’était pas tendre avec lui du fait de son antisémitisme ambiant, aussi, fut il obligé de la fuir. Ainsi il arrive à Nice en 1928 accompagné de Mina. Bachelier en 1933, naturalisé français en 1935, Roman devient Romain. Puis il poursuit ses études de Droit à Aix-en-Provence et à Paris. La guerre éclate et il est appelé sous les drapeaux. Tout comme les aventuriers-écrivains Saint Exupéry et Joseph Kessel qu’il admire profondément, Romain s’engage dans l’aviation. Du fait de sa trop récente naturalisation, il échouera à son examen d’officier à l’école de l’air Avord où il devient l’instructeur de tir.

C’est en 1940 que Romain revoit sa mère pour la dernière fois, malade, elle mourra en 1941. Il en parle à merveille dans « La Promesse de l’Aube » (1960), retraçant sa vie à travers les dialogues avec sa mère puis par les lettres qu’elle lui avait écrites alors qu’il était à la guerre. Cette mère dévouée et omniprésente se sachant gravement malade et condamnée, avait rédigé d’avance 250 lettres que son amie envoyait à Roman bien après la mort de sa mère pour qu’il la croie vivante.

Fervent admirateur du général de Gaulle, Romain s’évade de Bordeaux-Mérignac en avion jusqu’à Alger, se rend en car à Casablanca d’où un cargo britannique l’emmène à Glasgow. Il s’engage alors dans les Forces Aériennes Françaises Libres. C’est durant cette période de la Résistance qu’il choisit le nom de Gary, du « brûle! » en russe (гори) alors que son deuxième pseudonyme Ajar signifie «braise» en russe (жар).

En 1944, De Gaulle, qui appréciait l’homme et plus tard l’auteur, le fait Compagnon de la Libération. Il entame alors une carrière diplomatique qui le mènera à New York, Los Angeles et Londres. À trente ans, Romain Gary a tout d’un héros : le prestige du résistant et l’élégance du diplomate, ce, à quoi vient s’ajouter l’aura d’un écrivain. C’est en 1945 que Romain Gary rentre en littérature avec la publication de « Education européenne ». Tout comme sa mère le prédisait, Romain Gary deviendra un grand écrivain prolifique qui publiera plus de trente romans en trente cinq ans, dont deux prix Goncourt avec « Les Racines du ciel » en 1956 et « La Vie devant soi » en 1975 sous le pseudonyme d’Émile Ajar.


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Publié dans « 5ème République » №12 – abonnez-vous au magazine


 
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