Les personnes créatives – elles, comme les enfants, ne sont que bien pires. Et plus le statut du réalisateur est élevé, plus il est âgé, plus il est intolérant envers les collegues.
Basé sur une interview en: Cahiers du Cinéma, Cinéfeel, L’Express, Première, Les Inrocks
Roman Polanski à propos «Nouvelle Vague»
On réalisait des films pour presque rien, et le plus souvent fort mal, sous la responsabilité de jeunes amateurs sans expérience. Le snobisme intellectuel jouait aussi son rôle. Répugnant à passer pour des béotiens, les critiques encensaient des films «cérébraux» qui n’étaient pas seulement mal ficelés et lents, mais encore prétentieux et soporifiques. Je ne fis jamais partie de cette «Nouvelle Vague» et ne désirais pas en être. Si je jugeai «Les 400 coups» de Truffaut et «À bout de souffle» de Godard, les autres films, en dehors des premières œuvres de Claude Chabrol, m’effaraient par leur amateurisme et leur pauvreté technique. Assister à leur projection était pour moi une torture insupportable
Jean-Luc Godard à propos François Truffaut
J’ai mis longtemps à dire à François que je trouvais absolument nuls ses films
Jean-Luc Godard à propos Tarantino
Tarantino ne m’intéresse absolument pas. Un faquin, comme on disait au XVIIIe siècle!
Quentin Tarantino à propos Jean-Luc Godard
La période qui va de «A bout de souffle» jusqu’à «Week-end» est l’un des plus grands accomplissements de l’histoire du cinéma. Et Godard ludique, c’est Godard à son meilleur. Le Godard de «Masculin, Féminin» qui se prend trop au sérieux m’emmerde
Mathieu Kassovitz à propos Quentin Tarantino
Tarantino se sert du manque de culture cinématographique de ses spectateurs. Tous ses films sont directement copiés par des petits films de série B qu’il a visionnés en travaillant dans un vidéo club… Il pille cinématographiquement toute une partie du cinéma japonais et asiatique en général sans aucune inspiration. C’est vide, con, et méchant
Ingmar Bergman à propos Jean-Luc Godard
Je n’ai jamais rien tiré de ses films. Ils paraissent construits, faux intellectuel, et complètement morts. Cinémato-graphiquement inintéressants et infiniment ennuyants. Godard est foutrement chiant. J’ai toujours pensé qu’il faisait ses films pour la critique. Il en a tourné un, Masculin-Féminin, ici, en Suède, si ennuyeux que mes cheveux s’en sont dressés sur ma tête
Werner Herzog à propos Jean-Luc Godard
Quelqu’un comme Godard tient à mes yeux de la fausse monnaie intellectuelle, comparé à un bon film de kung-fu
François Truffaut à propos Jean-Luc Godard
Quand Godard tournait «A bout de souffle», il n’avait pas de quoi s’offrir un ticket de métro. Il était aussi démuni, sinon davantage, que le personnage qu’il filmait.
François Truffaut à propos Antonioni
Antonioni est le seul réalisateur important pour qui je n’ai rien de bon à dire. Il m’ennuie; il est solennel et dépourvu d’humour
Michelangelo Antonioni à propos Truffaut
Je pense que ses films sont comme une rivière, plaisants à regarder, à s’y baigner, extrêmement rafraichissants et agréables. Mais le courant passe et disparaît. Je recommence à me sentir sale et j’ai besoin de prendre un bain
Jacques Demy à propos Stanley Kubrick
On y voit des tas d’effets, de décors, de trucs, que seul un dollar peut payer. C’est le sentiment général qu’on a en voyant: la prétention et la bêtise en même temps…
Jacques Rivette à propos Stanley Kubrick
Kubrick est une machine, un mutant, un Martien. Il n’a aucun sentiment humain. Mais c’est génial quand la machine filme d’autres machines, comme en «2001, l’Odyssée de l’espace»
Jacques Rivette à propos James Cameron
Cameron n’est pas un méchant, ce n’est pas une ordure comme Spielberg. Cameron voudrait être le nouveau Cecil B. De Mille. Malheureusement, lui n’est que metteur en scène pour un sou
Publié dans « 5ème République » №13 – abonnez-vous au magazine